|
En
1660, en
même temps que la
Nouvelle Mosquée
(Yeni Camii)
différents autres bâtiments (hammam, hospice, marché,
médressa) furent édifiés. De ce complexe achevé en 1663,
il ne reste que la mosquée et le marché appelé de nos
jours :
|
|
|
|
.
Comme dans les autres complexes religieux, le loyer des échoppes
du marché devait financer l'entretien de la mosquée et les soupes populaires
distribuées dans un bâtiment
annexe. Ce
marché situé juste au bord du quai accueillait des
Vénitiens et des Génois venant y vendre des épices rares
ainsi que des plantes
médicinales et des
parfums.
|
|
Son nom officiel
est le "Valide
bazar" (c-à-d
bazar de la mère).
A partir du moment où les épices et plantes médicinales
vendues dans le marché arrivèrent par bateaux d’Egypte, le bazar prit le nom
de Mısır Çarşısı ( "Mısır"
étant "Egypte" en turc) d'où la
traduction "bazar Egyptien"*.
Les épices provenant des Indes et de l’Extrême
Orient passaient, en
effet, par l'Egypte qui faisait partie à cette époque du très grand
empire ottoman. Constantinople était le terme de la route de la
soie, de là les marchandises étaient dirigées vers |
|
|
l'Europe,
leur destination finale.
|
Ce marché
est aussi couramment appelé : "marché aux
épices" en référence aux épices qu'on y a
toujours vendues.
|
*la
dénomination "bazar Egyptien"
pourrait également être une
référence au financement "égyptien"
provenant d'impôts collectés au Caire
|
|
|
|
|
Le
Marché aux épices est situé à droite de la "Nouvelle
Mosquée". On pénètre à l'intérieur de ce bâtiment
par l'une des portes monumentales pour se trouver dans une "galerie" bordée de boutiques sur ses deux cotés dans
lesquelles
flottent des odeurs d'épices.
|
|
|
Le
plan de l'édifice, construit comme les caravansérails mais,
dans ce cas en forme de
"L", est rare dans la construction d'un bazar ottoman.
Le bâtiment
est en pierres et en briques. Il est formé d'une succession d'arcades. A l’extrémité des deux bras
du "L", les entrées
principales sont fermées par des lourdes portes blindées. Il y avait là autrefois deux
tribunaux : l’un pour régler les différents
entre commerçants, l’autre pour régler ceux entre commerçants et clients !
|
|
|
|
A l’intersection des allées on aperçoit sous une
coupole, la chaire en bois du prédicateur des diverses corporations.
A l'origine chaque arcade était ouverte sur le devant, le long des ruelles
couvertes du marché, formant ainsi une niche. Celles-ci étaient occupées
par des échoppes de même commerce qui comprenaient une pièce attenante de la même
taille que la niche.
|
Les épices et drogues pharmaceutiques contenues dans des
jarres étaient vendues à l’avant dans la niche alors que la pièce arrière servait de réserve et
d'office pour les préparations des ordonnances et prescriptions.
Les boutiques actuelles sont le résultat d'une modification : niche et
pièce y attenant ne font plus qu'un.
|
|
|
|
Les commerçants empiètent sur le trottoir et les
étals des devantures ressemblent à des palettes de
peintre tant ils sont colorés : ceux présentant des épices sont
dans des nuances de vert, d'ocre et de rouge (safran, paprika, cannelle,
coriandre, cumin vert, poivre rouge, sésame) alors que les étals de loukoums
|
 |
(au miel, à la rose, à la menthe, garnis de
pistaches ou de noisettes) se déclinent plutôt en teintes
douces. |
C'est un régal pour l'oeil ... avant d'étonner ou de
flatter les
papilles! On y trouve aussi des olives ( noires, vertes ou
jaunes), des salaisons et
des fromages ainsi que des fruits secs d'origine turque (pistaches,
noisettes, raisins de smyrne, graines de tournesol ou de citrouilles, abricots,
figues...). |
|
|
|
|
|
|
|
 |
 |
 |
 |
abricots
séchés |
figues
sèches |
dates |
raisins
blonds de smyrne |
 |
 |
 |
 |
pistaches |
graines
de tournesol |
graines
de courge |
raisins
de smyrne |
|
|
Suspendus dans
les airs, se balancent, enfilés sur des ficelles, aubergines, fèves, poivrons séchés
ainsi que des éponges naturelles et des
"luffas" (le loofah, "cylindre"
constitué de fibres douces, est ce qui reste après séchage
d'un concombre exotique). |
|
|
|
|
|
L'intérieur
des boutiques éveillent la curiosité avec, bien
alignés, de nombreux
bocaux, petits et grands, de flacons et de fioles en
tout genre, de toutes formes et de toutes tailles. |
|
Il
y a des bocaux renfermant des légumes en
saumure et des confitures de fruits , des petits
flacons contenant des huiles
essentielles, plusieurs variétés de thés présentés en vrac ou en
boites, des miels d'origines différentes vendus bruts (dans leurs
alvéoles) ou affinés, des parfums, des extraits, des plantes médicinales, des
lotions
aphrodisiaques (?)...
|
Au
bazar égyptien, on
peut acheter du "Misir macunu",
nommé en français "Aphrodisiaque des Sultans"
(nom sans aucun doute plus "racoleur"!) : c'est une pâte contenant
41 épices et du
miel qui a, paraît-il, des vertus thérapeutiques et soigne un grand nombre de maladies. Elle
est considérée comme un aphrodisiaque |
 |
depuis
des centaines d'années. La formule aurait
été développée en 1540 par un médecin
de l'Empire Ottoman pour sauver la vie de
la mère du Sultan Suleyman le Magnifique.
Les qualités énergétiques du produit
seraient à l'origine de sa popularité.
Le secret de la recette a été transmis,
de génération en génération via les
autorités de la ville. |
|
|
La
pastirma est une autre spécialité : c'est une viande de boeuf séchée et fumée
aux épices (ça ressemble un peu à de la viande des
grisons). |
Au
bazar égyptien on peut même acheter du caviar! |
|
|
|
|
Dans
les boutiques on vend des produits de
hammam, des éponges naturelles, des gants de crin. Certaines boutiques |
|
|
se
sont spécialisées dans la vente de linge pour salle de
bains,
de trousseaux de mariée et de lingerie féminine.
Dans
tout ce bazar (c'est le cas de le dire), on peut
trouver graisse de lapin (contre les brûlure), résine de
pin, poudre de noyau de pêche, racine de salsepareille, aloès, racine de réglisse,
lait d’ânesse (pour la beauté de la peau), graine de persil, ingrédients nécessaires à la confection
de toutes sortes de remèdes de bonnes femmes, de recettes séculaires,
de traitements contre les
douleurs utilisés par la médecine alternative et d’aphrodisiaques mais vous n'y trouverez plus
de poudre à canon qui servait autrefois dans le
traitement des hémorroïdes (elle a été interdite à cause d'explosions très
fréquentes dans les boutiques qui en vendaient!).
|
|
|
|
Mais
que sera le marché aux épices dans les années à
venir? en effet vu le prix
élevé de location pratiqué pour les cellules du bazar, des boutiques vendant des épices
disparaissent au
profit de bijouteries ou autres magasins plus rentables pour leur
patron. C'est dommage car, à long terme, le
"Marché aux épices" risque de n'avoir plus d'épices que
le nom, lui qui n'avait déjà d' "égyptien" que
l'appellation ! |
|
|
|
Dans
les environs immédiats du Marché aux Epices il faut
visiter la Nouvelle
Mosquée
, la Mosquée
Rüstem Pacha
, se promener dans les rues environnantes où il y a de
nombreuses échoppes et marchands ambulants ou pourquoi
pas aller au restaurant "Pandeli"
au premier étage du Marché aux Epices. |
|
|
|
|
|
 |
Il
y a au premier étage du Bazar égyptien un très ancien restaurant dont l’escalier,
aux murs carrelés de faïence turquoise, se trouve près de l’entrée de la porte principale
Sud : c'est
qui,
fondé
en 1901 par les "Pandeli", une famille grecque stambouliote,
est
toujours en activité. Cet établissement est célèbre depuis
plus d'un siècle pour sa cuisine traditionnelle turque . |
|
|
|
L'endroit
est un peu délaissé par les autochtones qui ont migré vers
d'autres quartiers, il est donc essentiellement fréquenté par des
touristes et c'est un peu dommage. |
|
|
|
|
|